l'innocence a bien des visages... (compléte)

_ Eh ! Salut Dany, tu m’as l’air bien songeur…
L’homme ne put que sourire.
_ Salut Viviane. Dis, est-ce que tu crois au destin ?
_ Qu’est-ce qui t’arrives donc pour que tu me poses cette question ? lança-t-elle sans répondre.
Le sourire s’agrandit de plus belle tandis que Dany se penchait sur le bureau pour éviter que tout le monde ne l’entende.
_ Et bien figures-toi que ce matin, je sortais tranquillement de mon appartement et là un type me tombe dessus et m’annonce qu’aujourd'hui je rencontrerais la femme de ma vie, même si les débuts seront inattendus… Alors, je m’interroge, on ne sait jamais. Et je ne voudrais pas passer à côté de la femme de ma vie ! Tiens si ça se trouve, c’est toi !
Dany partit dans un rire que le charmeur qu’il est connaît par cœur, mais Viviane brisa aussitôt le charme. On ne gagne pas à tous les coups…
_ Ton gars, il a dit que tu la « rencontrerais » aujourd’hui et je suis désolée de te le dire mais on se connaît depuis des années déjà donc ça ne peut pas être moi. De plus, je ne sais pas si tu es au courant ou si tu as oublié mais je suis mariée et mère de famille…
Dany fit mine d’avoir été touché par quelque coup puis s’éloigna en murmurant qu’elle n’avait pas de cœur. Mais la bonne ambiance retomba aussitôt. Aussi sérieux qu’à son habitude, Jack venait d’entrer en annonçant une nouvelle disparition. Toute l’équipe s’approcha du tableau où la photo d’un jeune homme venait d’être accrochée. Il avait à peine 20 ans…

Disparu depuis quatre heures.
_ Antoine Zarrae, 20 ans, étudiant à l’université de New York, disparu depuis cinq heures.
_ Attend ! s’écria Viviane. Zarrae comme Victor Zarrae ?
_ Son fils unique, confirma Jack qui ne voulait pas s’attarder mais devant les visages interrogateurs de ses autres collègues dû prendre le temps de préciser. Victor Zarrae est un éminent comportementaliste qui a écrit des livres à succès il y a une dizaine d’années…
_ Plutôt deux dizaines d’années, coupa Viviane.
_ Si tu veux… reprit Jack avec impatience. En bref disons qu’il a eu son heure de gloire mais depuis tout le monde l’a oublié. Cependant la piste d’un enlèvement pour de l’argent n’est pas à écarter, pas plus qu’un règlement de compte à cause d’un des livre.
_ En quoi des thèses de comportementaliste peuvent-elles être polémiques ? railla Martin.
_ Si tu avais lu ses livres tu comprendrais, répondit Viviane. Disons qu’il défendait l’idée que la femme est supérieure à l’homme parce qu’elle maîtrise ses pulsions à l’inverse des Hommes.
_ Des thèses féministes avec 50 ans d’avance…conclut Sam, en se promettant d’ouvrir rapidement un de ses livres.
_ Concentrons-nous si vous voulez bien, et revenons-en à notre affaire, somma Jack d’un ton un peu rude. Bon, c’est son entraîneur qui nous as appelé. Nous sommes à la veille d’une compétition nationale et il n’aurait jamais manqué un entraînement. Dans sa cité étudiante, personne ne l’a vu depuis qu’il est partit faire son jogging. Il n’est jamais arrivé à son dojo.
_ Il est qualifié pour un championnat de quoi ? demanda Martin qui avait déjà ouvert son carnet pour prendre des notes.
_ Juiji-tsù, répondit Jack. Ne me demandes pas ce que c’est, je sais juste que c’est un art martial. Bon, Sam, tu files à l’université récupérer tout ce que tu pourras trouver sur lui. Je veux connaître ses habitudes, ses résultats, s’il a une petite amie, si c’est un fêtard etc. Avec les jeunes, il faut se méfier de tout.
Elle acquiesça en silence.
_ Bien, continua-t-il en se tournant sur sa droite. Viviane, Martin, vous allez à sa chambre et vous fouillez tout. On en apprendra peut-être plus comme ça. Interrogez aussi ses voisins.
_ C’est comme si c’était fait, approuva Viviane.
_ Quant à toi Dany, tu viens avec moi voir l’entraîneur, on avisera sur place. J’irais voir les parents après. Bon chacun sait ce qu’il a à faire, alors maintenant vous allez me trouver ce qui a bien pu arriver à ce garçon.

Disparu depuis six heures.
_ D’habitude il est toujours à l’heure, voire même en avance. C’est pour ça qu’après un quart d’heure de retard, je me suis inquiété et après avoir téléphoné à tous ses amis, je vous ai contacté…
Il a l’air sincère nota Dany en se disant que le vieil entraîneur ne devait pas figurer sur la liste des suspects, pour l’heure encore vierge.
_ Vous avez bien fait, murmura Jack Malone en parcourant du regard la large pièce où ils se trouvaient.
Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas mis les pieds ici…
_ Parlez-moi un peu d’Antoine, dit-il en se reprenant. Y’aurait-il la moindre chance pour qu’il craque la veille d’une compétition aussi importante ?
_ Non ! s’indigna l’entraîneur. Ce petit est le plus solide que j’ai jamais coaché. Il n’y avait qu’une personne pour lui tenir tête dans ce championnat et elle s’est retirée. Non, le petit n’aurait manqué ça pour rien au monde, vous pouvez me croire.
_ D’accord, accorda Jack en reportant son regard sur l’homme. Et ce concurrent dont vous nous parliez, que est son nom ?
_ Vous faites fausse route, assura-t-il. Elle a tout arrêté il y a deux mois. Je ne l’ai même jamais revue depuis.
_ Elle ? s’étonna Dany.
_ Oui, Claire Guichard, répondit l’homme. Une française venue faire des études ici. Apparemment, elle était pas mal titrée chez elle, mais elle a tout plaqué sans me donner de raisons. C’était la seule capable de tenir tête au petit.
_ Et où peut-on la trouver ? demanda Jack en se forçant à explorer toutes les pistes malgré son idée que cela était inutile.
Bah ! Il enverrait Dany…
_ Elle est dans la cité des étudiants étrangers, à l’autre bout du campus. Si vous voulez Manuel pourra vous y conduire, hein Manu ?
Le dénommé Manuel acquiesça et Dany le suivit sur ordre de son supérieur, avec une étrange impression qu’il ne parvint à définir.
_ Et mis à part cette Claire, qui aurait eut intérêt à ce qu’il disparaisse la veille de cette compétition ? reprit Jack.
_ A peu près tous les concurrents qui, sans lui, ont une chance…

Disparu depuis six heures trente.
_ Tenez, c’est elle là, annonça Manuel, visiblement pressé de repartir.
_ Ca ira, merci, murmura Dany en détaillant la jeune femme du regard
Il l’aurait vu moins enrobée pour une sportive, mais après tout une combattante a besoin d’un maximum de force et cette stature particulière devait en conférer. Il se dit pour lui-même qu’il vaudrait mieux éviter d’avoir à se battre avec elle…
_ Mademoiselle Guichard ? demanda-t-il lorsqu’il fut arrivé à sa hauteur avant qu’elle ne referme la porte de sa chambre.
_ Pas le temps, marmonna-t-elle simplement avant d’aller pour disparaître derrière la cloison, mais Dany la bloqua.
_ Vous allez le prendre mademoiselle, annonça-t-il en sortant sa plaque. Agent Dany Taylor, F.B.I.
Elle demeura sincèrement surprise et recula de quelques pas avant de se reprendre.
_ F.B.I. ? répéta-t-elle. Mais qu’est-ce que le F.B.I peut bien avoir affaire avec moi ? Vous avez dû vous tromper…
_ Je ne crois pas, mademoiselle. Antoine Zarrae a disparu ce matin et je voudrais vous poser quelques questions.
Il aurait pu la frapper de toutes ses forces au ventre, elle n’en aurait pas plus perdu son souffle.
_ Antoine… balbutia-t-elle. Antoine…
Elle alla s’asseoir sur son lit et Dany en profita pour enfin entrer. Sa réaction était on ne peut plus étrange et il se demanda un moment si elle n’était pas amoureuse du jeune home à voir comment son simple prénom l’avait bouleversée. Mais il se trompait lourdement. La jeune femme mit quelques minutes avant de se reprendre. Elle se releva et marcha nerveusement dans la pièce évitant de s’approcher trop de Dany ainsi que de le regarder dans les yeux.
_ Ecoutez, bafouilla-t-elle, impatiente qu’il s’en aille, il en avait parfaitement conscience. Je n’ai pas parlé à Antoine depuis deux mois, je n’ai aucune idée de ce qui a bien pu lui arriver. Vous devriez demander à ses amis, aux gens qui croient le connaître.
Il nota l’étrangeté de sa remarque mais la mit sur le compte du stress évident que sa présence provoquait chez elle. Il en avait l’habitude, comme si le simple fait d’être du F.B.I faisait de lui un être menaçant pour le reste de l’humanité. Même les personnes blanches comme neige pouvaient être terrifiées à cause de sa plaque. Elle se révélait parfois utile pour draguer certaines femmes, mais la plupart du temps c’était un handicap pour la communication…
_ A votre avis, est-il possible qu’il ait craqué et qu’il soit tout simplement parti pour ne plus concourir ? Vous n’êtes pas sans savoir que les championnats nationaux commencent demain…
_ Non, affirma-t-elle, sarcastique. Oh non, il a bien trop d’orgueil pour ça ! Il ferait cette compétition même avec une jambe cassée ! Non, c’est trop important pour lui de briller aux eux de tous ! Et il ne manque jamais une occasion de démolir quelqu’un !
_ Et pensez-vous qu’il aurait pu boire ou se droguer et ne pas être en état de se présenter ce matin à l’entraînement. Quand on fait la fête parfois…
_ Antoine ne boit presque jamais et certainement pas avant une compétition. Non, j’ai bien l’impression qui lui est arrivé quelque chose mais je ne peux pas vous dire quoi.
Elle avait dit la dernière phrase dans un sourire furtif.
_ Maintenant, je dois aller en cours, j’ai une dizaine d’étudiants qui m’attendent et je ne peux décemment pas être en retard. Je ne vous serais d’aucune aide dans cette affaire, alors si vous le voulez bien…
Il voulut lui attraper en douceur le bras avant qu’elle ne sorte pour lui dire une dernière chose, mais sa réaction fut tellement inattendue qu’il en oublia ses mots. En effet, à peine ses doigts se dirigeaient-ils en direction de la jeune femme que celle-ci en un mouvement de recul incroyablement rapide l’évitait. Elle le fixa quelques secondes du regard d’une brebis devant un loup puis disparut dans le couloir sans prendre la peine de fermer sa chambre à clef laissant là un Dany plus que perplexe. Il se passait quelque chose entre elle et le disparu et il se promit de découvrir quoi.

Disparu depuis douze heures.
_ J’attend vos exposés pour demain dans mon casier et je n’accepterais aucun retard !
La masse des étudiants remplissant l’amphithéâtre mit du temps à sortir, mais heureusement pour Dany et Martin, on vint poser des questions à la jeune femme. Elle allait de nouveau s’éclipser lorsqu’ils atteignirent l’estrade.
_ Mademoiselle Guichard ? Vous vous souvenez de moi ?
Oui, mais elle ne semblait pas enchantée de le revoir, et avec un collègue de surcroît ! Aussi rapidement qu’une corde d’arc, elle se tendit à l’extrême.
_ Voici l’agent Martin Fitzgerald. Nous avons d’autres questions à vous poser.
_ Je vous ais déjà tout dit, soupira-t-elle. Je ne sais rien…
_ Nous voudrions savoir, la coupa Martin en lisant un dossier. Pourquoi Antoine Zarrae vous a téléphoné soixante-deux fois ces trois derniers jours ?
Elle sursauta.
_ Je… bafouilla-t-elle. Je n’en sais rien… Je n’ai pas allumé mon portable…
_ Vraiment, demanda Dany, soupçonneux. Et ça vous arrive souvent de ne pas allumer votre téléphone pendant plusieurs jours ?
_ On m’a aussi dit, ajouta Martin. Qu’Antoine avait le projet de venir vous voir, ce matin même, puisque vous ne répondiez pas à ses appels. Voulez-vous nous dire pourquoi il tenait absolument à vous voir ?
_ Je… Je vous l’ai dit je n’en sais rien ! Je ne l’ai pas vu. Ce matin je dormais chez une amie. Nous avions échangé nos chambres pour que je sois plus proche de la bibliothèque où j’étudie. J’ai un important mémoire à rendre dans un mois et je dois travailler très tard. Cela m’évite d’avoir à traverser tout le campus.
Elle se justifie trop, pensa Dany. Et sa réponse est trop cohérente, elle a été mûrement réfléchie…
_ Et quel est le nom de cette amie ? demanda Martin, prêt à noter dans son carnet.
_ Vous croyez que je vous mens ? s’emporta la jeune femme. Et ben très bien, appelez-la , elle se fera un plaisir de vous confirmer ce que je vous ais dit ! Il s’agit de Laura Torez.
_ Nous allons vérifier, annonça Martin en finissant d’écrire. En attendant nous vous demanderons de ne pas quitter la ville.
_ Et j’irais où à votre avis ? répliqua-t-elle, agressive.
Elle fixa Dany dans les yeux cette fois et il n’avait jamais lu autant de haine dans le regard de quelqu’un.
_ Croyez que si c’était moi qui avait touché à ce porc ce n’est pas un corps que vous retrouveriez mais des morceaux tellement pourris que même des chiens n’en voudraient pas. Tenez-vous le pour dit. Si j’étais coupable, vous n’auriez plus rien à chercher…

oupsss
désolée j'ai oublié cette partie qui va avant la dernière là désolée

c'était donc ça qui manquait



Disparu depuis huit heures.
Comme d’habitude, Dany était le dernier. Comme d’habitude, Jack passa son relent de stress sur lui. La mise en commun des informations avait commencé depuis dix minutes. Il renonça à fournir une quelconque excuse qui n’aurait fait que prolonger les foudres de son patron.
_ Viviane, reprit Jack sans un regard pour lui. Tu disais qu’il est sérieux.
_ Oui, confirma-t-elle avec un sourire pour Dany. Si jamais on le retrouve je veux bien l’adopter ! Ce garçon a des résultats convenables, il ne sort pas, ne boit pas, il a une copine fixe depuis plus de cinq mois et en plus il est champion junior des Etats-Unis depuis deux ans.
_ Il est trop irréprochable, marmonna Jack en réfléchissant. Et toi Sam ?
_ La même chose.
_ J’ai rien pu tirer des parents, mais la piste des ennemis du père est la plus sérieuse pour le moment. On peut compter tous les machos du pays, tous les refoulés, les hommes bafoués par leurs mères, leurs femmes, leurs maîtresses, sans compter les simples détractés. Pour l’argent, ça m’étonnerait, le père Guichard s’est reconvertit dans l’enseignement et ne gagne pas des milles et des cents. Peut-être parmi ses élèves… ajouta-t-il songeur. Et toi Dany ? Tu as quelque chose auprès de la fille ?
_ Un comportement étrange, mais rien de concret.
_ Bien, nous allons donc nous recentrer sur une vengeance. Sam, tu épluches le courrier, les appels et les mails de la famille, Martin ceux du fils, Viviane va au travail du père et vois si tu trouves une piste. Dany va chez l’éditeur de Zarrae. Je m’occupe des résultats du labo et de la mise en place d’une surveillance chez les parents. Même s’il ne veut pas de rançon, le ravisseur contactera certainement le père et avec de la chance il sera suffisamment bavard pour qu’on le repère.

Disparu depuis onze heures.
_ Dany ? C’est Martin. Dis-moi la fille que tu as interrogé ce matin, elle s’appelle bien Claire Guichard?
_…
_ Non parce que Antoine n’a pas arrêté d’appeler sur son portable ces trois derniers jours.
_…
_ D’accord je te rejoins là-bas.

Disparu depuis quinze heures.
_ Les voisins l’ont confirmés, Claire a bien dormi dans la chambre de Laura, par contre pas moyen de mettre la main sur cette dernière. C’est comme si elle avait disparu aussi.
_ Et comment ce sont-elles connues ? demanda Martin en se disant que Sam était décidément bien sexy aujourd’hui.
_ C’est la fille de l’entraîneur, répondit Sam aussitôt coupée par la porte qui s’ouvrait à la volée.
_ On a reçu un appel de menace, claironna Jack en arrivant dans la pièce. Une personne a téléphoné chez les parents d’Antoine pour dire que c’était le pire salaud que cette terre ait jamais porté et que son père au lieu d’écrire ses livres aurait mieux fait d’inculquer ses valeurs à son monstre de fils. D’après le labo il s’agirait d’une femme d’une vingtaine d’années.
_ C’est tout de même étrange, intervint Viviane. Jusqu’à présent on nous a décrit le garçon comme le fils parfait et…
_ On ne sait pas tout sur lui, reprit pensivement Jack. Quelque chose nous a échappé, quelque chose qu’il ne fallait pas qu’on sache, quelque chose qu’on chercherait à tout prix à cacher…
_ Claire, murmura Dany, mais ce fut Martin qui énonça l’idée.
_ Antoine l’a appelé soixante-deux fois en soixante douze heures, certainement pour la faire taire…
_ Et comme elle ne répondait pas, il a pris peur et est allé chez elle… continua Dany.
_ Mais c’est Laura qu’il y a trouvé et à partir de là on peut tout imaginer… conclut Martin. Peut-être que Laura a voulu protéger son amie et qu’Antoine a perdu le contrôle… Et pour un champion d’art martial ça peut être fatal.
_ S’il l’a tué il peut être n’importe où en train de se demander quoi faire du corps… intervint Viviane.
_ Imaginons autre chose, répliqua Sam. Imaginons que cette Laura ait été dans la confidence et qu’elle ait accueillie Antoine dans le seul but de lui tendre un piège et l’enlever le temps que la vérité sur lui soit révélée tranquillement au grand jour, au quel cas elle le retient encore en ce moment même et le libèrera sûrement dès sa culpabilité prouvée.
_ Mais on ne sait toujours pas ce qu’il a fait… marmonna Jack. Bien. Sam , tu me fouilles le passé de cette Laura, je veux tout savoir sur elle. Viviane, tu l’aides. Dany, Martin, vous allez me chercher cette Claire et vous me la ramenez. Quoi que ce soit, elle est au cœur de l’affaire. Quant à moi je retourne chez les parents ; Quelque chose me dit que le téléphone va de nouveau sonner. Si on veut condamner Antoine, il faut d’abord dévoiler son crime au grand jour. Allez au boulot.

Disparu depuis seize heures.
_ Qu’est-ce qui te préoccupe ? demanda Martin en pénétrant dans la cité étudiante.
Dany mit un moment avant de répondre.
_ Elle ne me semble pas coupable et pourtant…
_ Pas coupable ? Cette fille a le comportement le plus suspect que j’ai jamais vu ! Et je te rappelles qu’elle l’a menacé devant nous ! Cette fille n’est pas nette si tu veux mon avis et il se pourrait bien qu ‘Antoine ne lui ait rien fait du tout ! Peut-être qu’elle digère mal le fait qu’il l’ait battu au Jiutsu et c’est tout !
_ Juiji-tsù, corrigea un Dany toujours songeur. Nan, j’arrive pas à le croire. Quelque chose cloche.
Mais comme ils arrivaient devant la porte close de la chambre, la discussion en resta là. Par précaution, Martin sortit son arme, mais Dany ne le jugeait pas utile. Claire ne devait pas posséder d’arme, autres que ses poings bien sur.
_ F.B.I ! clama Martin en frappant à la porte. Ouvrez !
Pas de réaction, pas de bruits. La pièce semblait vide. Ils attendirent quelques minutes, tentèrent d’ouvrir mais c’était fermé à clef. Ils auraient pu aller chercher le concierge mais manifestement personne ne se trouvait à l’intérieur.
_ Elle n’est pas là, remarqua Martin en rangeant son arme. Une idée, Dany ?
_ Normalement je te dirais la bibliothèque mais je n’y crois pas, lança-t-il songeur. Quelque chose me dit qu’on la trouvera au dojo…
_ Si monsieur Taylor a des intuitions, point faut-il les négliger, railla Martin avec un sourire que ne partageait pas son collègue. Bon alors je te laisse le dojo et je prend la bibliothèque. Je t’y rejoindrais.
Et il partit sans un mot de plus mais un sourire étrange scotché aux lèvres. Décidément, Dany était bien étrange aujourd’hui…
Mais il y avait plus étrange que lui… Cette jeune femme, Claire. Elle cachait un lourd secret, tout le monde le sentait, mais Dany était convaincu qu’elle ne savait rien sur l’enlèvement d’Antoine. Pour son prétendu crime par contre… Bah, pensa-t-il, je le saurais tôt ou tard.
Il allait entrer dans le dojo quand la silhouette de l’entraîneur attira son attention. Il s’était éloigné, en direction de la forêt, pour qu’on ne l’entende pas.
_ Laura, disait-il. Laura, mais répond-moi bon sang ! Je sais que tu m’entends ! Ecoute, ce n’est pas la solution ! Je ne sais pas pourquoi tu t’en prends à lui, mais tu te trompes ! Ce n’est pas Antoine qui t’as…
_…
_ Mais… Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu déraille complètement ! Il ne ferait jamais une chose pareille !
_…
_ C’est pas possible !
_…
_ Non ! Laura ! Attend ! Laura ! Laura !
Dany allait s’approcher lorsqu’il entendit la porte du dojo grincer, Claire sortait. Maudissant le mauvais sort, il se dirigea dans sa direction en gardant un œil sur l’entraîneur, certain cependant que l’homme ne l’attendrait pas.

Disparu depuis seize heures trente.
_ Mlle Guichard ? Attendez-moi ! Je dois vous parler.
La jeune femme qui se tourna vers lui avait le visage ruisselant de larmes et les yeux emplis de la plus profonde détresse que Dany ait jamais vu. Quand elle l’aperçut, elle hoqueta violemment, puis ses paupières se dilatèrent sous l’effet d’une terreur évidente qui fit se retourner Dany, mais il n’y avait rien ni personne hormis eux.
_ Mlle ? Vous allez bien ?
Ce fut comme un déclic. Alors qu’il s’avançait doucement vers elle, la jeune femme sortit de sa torpeur.
_ Ne m’approche pas ! vociféra-t-elle. Tu ne me toucheras plus !
Dany stoppa sans comprendre.
_ Mlle, reprit-il d’une voix qui se voulait apaisante. Je suis l’agent Dany Taylor, du F.B.I., vous vous souvenez ? Personne ne vous veux de mal…
_ Jamais ! hurla-t-elle. Plus jamais !
Il n’eut que quelques secondes pour voir l’éclat du couteau qu’elle avait sortit avant qu’elle ne se rue sur lui. Il parvint dieu seul sait comment à l’éviter mais se retrouva à terre dès la seconde charge. Il sentit alors des poings puissants s’abattrent un peu partout sur son corps, mais aucune morsure de la lame. Il entendit vaguement Martin crier au loin puis il n’y eut plus rien.

_ Et mince ! s’écria Viviane. A vingt secondes près on l’avait localisé !
_ Mais pourquoi s’en prend-on à notre Antoine ? pleura la mère. C’est un bon garçon qui na jamais fait de mal à personne et…
_ Madame, calmez-vous s’il vous plaît, tempéra Viviane. Je comprend votre angoisse mais vous devez vous reprendre. Ces accusations concernant votre fils, vous devez me dire si elles sont fondées. Je sais que c’est difficile mais quoi qu’il ait fait nous devons le savoir pour le sauver, vous comprenez ?
_ Mais enfin ! s’emporta la mère. C’est lui la victime et vous l’accusez ! C’est impossible ! C’est pour masquer votre incompétence, c’est ça ?
_ Chéri, tenta le mari, en vain.
_ Non ! Comme ils ne le retrouvent pas, ils veulent le faire passer pour une criminel pour que la presse s’en prenne moins à eux ! Qui êtes-vous donc pour croire que mon fils ne mérite pas d’être retrouvé ?
_ Madame, s’il vous plait…

Pendant quelques secondes, Dany ne saisit plus rien puis le visage inquiet de Martin apparut et tout revint avec lui. Difficilement, il se redressa. Du fond de sa bouche, le goût cuivré du sang monta. Il avait mal partout.
_ Ca va Dany ? s’inquiéta Martin. Attend ne bouge pas, j’appelle une ambulance
_ Non, marmonna ce dernier. Ca va. Où est-elle ?
_ Elle a filé dans les bois, répondit Martin qui détaillait cependant son collègue pour être certain qu’il allait bien. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
_ J’aimerais bien… commença Dany mais un bruit strident le coupa.
De la forêt. C’était elle. Se relevant, Dany partit aussi vite qu’il put en direction des cris, suivit de près par Martin qui braquait son arme devant eux. Puis il n’y eut plus de cris, rien que des gémissements pour les guider. Et le spectacle qu’ils découvrirent les glaça tout deux. Claire était bien là, mais elle se tenait recroquevillée contre un tronc d’arbre, les deux bras en sang. Elle s’était ouvert les veines et cherchait à présent un air qui ne semblait plus vouloir passer ses poumons. Martin troqua son arme contre son téléphone et cette fois-ci appela les secours tandis que Dany approchait lentement. Elle tremblait, elle pleurait, elle gémissait, mais ses yeux toujours alertes le scrutaient qui avançait. Elle essaya de s’éloigner mais elle était comme tétanisée.
_ Non, bafouilla-t-elle, horrifiée. Non…
Dany s’agenouilla à quelques centimètres de la silhouette qui se recroquevillait au maximum pour lui échapper.
_ Non, pleurait-elle. Pas encore…
Dany ne savait que faire et en fait il ne fit rien jusqu’à l’arrivée des secours qui la prirent en charge après l’avoir largement sédatée. Et ce ne fut que lorsque l’ambulance disparut au loin qu’il retrouva ses esprits.
_ Bon sang, s’écria Martin. Mais que s’est-il passé ?

Disparu depuis dix-sept heures.
Dans l’ascenseur, les deux hommes avaient raconté à Jack ce qu’ils avaient vu. Ce dernier était resté muet jusqu’à ce que toute l’équipe soit avec eux dans la salle de réunion. En quelques mots, il expliqua lui même ce qu’il venait d’entendre à Viviane et Sam qui les attendaient depuis un moment déjà.
_ Elle va s’en sortir ? s’inquiéta Sam.
_ Les médecins sont optimistes, répondit-il seulement. Ils sont intervenus à temps.
_ Est-ce qu’ils ont la moindre idée de ce qu’elle nous a fait ? demanda Martin qui n’avait pas été lui-même à l’hôpital, mais dont le visage demeurait marqué par ce qu’il avait vécu, malgré ses tentatives pour le dissimuler.
_ Ils pensent à une crise de paranoïa, ou la réminiscence d’un traumatisme, dit Jack.
_ Un traumatisme ? coupa Sam en cherchant dans ses papiers.
_ Oui, pourquoi ? s’impatienta Jack peu satisfait de l’évolution de leur enquête.
_ Je ne sais pas si ça a le moindre lien, mais Laura Torez a été violée il y a huit mois. On a jamais retrouvé ceux qui avaient faits ça…
Tout le monde prit un moment de réflexion.
_ Ca pourrait donc être ça… murmura pensivement Viviane, aussitôt coupée par Dany.
_ Non, je ne crois pas. Ecoutez ça. Juste avant de croiser Claire j’ais entendu l’entraîneur parler au téléphone avec Laura et il lui disait qu’elle se méprenait, qu’Antoine ne lui avait rien fait. Mais juste après j’ai vu Claire et vous connaissez la suite.
Nouveau moment de silence. La clef de l’affaire était à portée de main mais ils ne la saisissaient pas.
_ O.K., déclara Jack. Viviane tu retournes chez les parents et tu surveilles le téléphone. Si quelqu’un appelle ça sera forcément Laura, essaies de lui parler. Il se peut qu’Antoine
soit bel et bien son agresseur mais aussi qu’elle ait fait un transfert sur lui. Dans tous les cas, tu dois la convaincre qu’on va l’aider à présent et qu’il sera condamné, ça peut marcher.
_ Si elle a été jusqu’à l’enlever, ça m’étonnerait qu’elle le relâche aussi facilement, rétorqua Viviane. Mais on a des chances de la localiser. On y était presque la dernière fois…
_ Fais de ton mieux, conclut Jack. Sam, Dany, vous allez à l’hôpital. Je me fiche de ce que vous diront les psy vous l’interrogez. Je veux comprendre son rôle à elle dans l’histoire…
_ Et si… commença Dany, alors que l’évidence se faisait dans sa tête. Et si ce n’était pas Laura qu’Antoine a violé mais Claire ?
_ Ca collerait assez avec le profil du type… acquiesça Viviane.
_ Et avec les appels, renchérit Sam. « Si vous aviez passé plus de temps à apprendre vos principes à votre fils plutôt qu’à les écrire dans vos bouquins on n’en serait pas là »… Oui, ça colle.
_ Mettons qu’elle en ait parlé avec Laura, continua Martin. Elles sont amies, Claire se sent en confiance et lui parle…
_ Mais ce qu’elle ne sait pas c’est que Laura elle aussi a été violée, développa Dany. Et ça réveille tout en Laura qui pète les plombs quand Antoine passe menacer Claire chez elle si jamais elle en parle à qui que ce soit d’autre…
_ Oui, c’est plausible, conclut Jack. Mais vous allez quand même à l’hôpital obtenir une confirmation de tout ça. Martin, tu viens avec moi chez l’entraîneur. Au boulot

Disparu depuis vingt heures.
_ Samantha Spade.
_…
_ O.K. Jack. Et dans quel état?
_…
_ O.K., je vais le dire à Dany. Et Laura ?
_…
_ Oui. Bonne soirée à toi aussi.
Sam se tourna vers son collègue qui se tenait depuis deux heures au chevet d’une Claire plongée dans un profond sommeil.
_ Dany, c’est fini. Ils l’ont retrouvés grâce à l’entraîneur. Il est blessé mais il s’en sortira. Par contre, Laura s’est suicidée. Ils n’ont rien pu faire.
La nouvelle tomba sans surprise finalement, il fallait s’y attendre.
_ Jack nous dit de rentrer, on s’occupera de la paperasse demain. Tu viens ?
_ Non, décida-t-il. Je veux être là quand elle se réveillera.
_ Dany…
_ Ne t’en fais pas pour moi, assura-t-il en se redressant pour changer sa posture devenue inconfortable. Rentre, Martin doit déjà t’attendre…
Sam rougit violemment. Le sujet la mettait toujours mal à l’aise. Les rumeurs et les bruits de couloir ne cessaient pas. Et comme elle lut dans son regard que c’était inutile d’essayer de le faire changer d’avis, elle renonça en lui souhaitant une bonne nuit.
Demeuré seul, Dany se frottait les yeux quand il vit la main de la jeune femme bouger faiblement. Avec la dose de calmants qu’on lui avait injecté c’était presque un miracle. Il la serra en pensant à toutes les femmes qui étaient bafouées par les hommes, haïssant intérieurement les monstres qui étaient capables de ça, songeant que ce n’était pas Laura qui aurait dû mourir.
Qu’une fois de plus, le méchant s’en sortait…

voilà ! le roman est fini ! Je sais c'était assez long...
mais quand on aime on ne compte pa

enfin bref j'espère que ça vous aura plus
et si vous voulez une suite (quand vous vous serez remis de ce pavé bien sur;; dites-le moi !
en attendant lâchez vos commentaires !!!!

merci

Ah bah il faut la suiiitttteeeee

Idem
Par contre tu as écrit Danny avec un seul "n" et ...enfin bon c'est un détail mais tu comprends c'est important quand même

Y a une suite???? ben je la veux bien!!!!! J'ai beaucoup aimé ta fic!!!!
alors évidement, ça tu as une suite à nous proposer, moi je l'attends avec impatience!

je vous écrit ça !!!!

en tous cas c'est cool si ça vous a plu...

pour danny je sais oui mais mon correcteur d'orthographe mettait qu'un "n" tout seul...
je l'ai vu au dernier moment...

alors je reprend ma plume !!!

C'est pas grave mais tu as du t'en rendre compte , on est quasiment toutes atteintes de Dannïte aigüe et donc Danny ici c'est sacré lol

encore une fois désolée

je dois avouer que moi aussi je me trouvais des symptômes étranges ces derniers temps...
je crois avoir compris !
vous croyez que cela se soigne?
prce que ça m'inquiète un peu...

Ces symptomes ca ne serait :

- envie de s'installer devant la tv un paquet de chips à une main un coca (ou biere) à l'autre en regardant pour la dixieme fois WAT.
- Après avoir regardé une dizaine d'épisodes aller te coucher completement naze et rever de Danny...
- Avoir l'impression de le vois à chaque coin de rue ?
- Avoir des photos de lui partout chez toi et bavez devant ton écran quand tu en trouves une nouvelle ??

Bref si c'est ça c'est la Dannyïte Taylorite aigue !!

C'est une bonne maladie t'inquiete pas !!

MDR P'tit Dem , en tout cas c'est bien résumé !!
Sinon au sujet de la fic c'est bien écrit , prenant et triste mais en tout cas c'est une bonne fic , j'ai beaucoup aimé

Oauih j'aime beaucoup ta fic !
Super bien écrite !

oh oui, la suite ! il faut savoir pour Danny si c'est vraiment elle la femme de sa vie !!

merci de vos compliments

je vous jure que je travaille à la suite mais quand tu bosses 8h par jour
il ne te reste plus que la nuit, en consacrant tout de même la soirée à ton chéri...

pour les symptômes; j'ajouterais aussi une envie incombatable d'acheter les dvd
et une atente acharnée des jeudis soirs où toutes sorties avec qui que ce soit est annulée !!!
sans compter les discours interminables sur Danny...

Mon chéri en serait presque jaloux...